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Quand les jeunes musiciens créent leur festival !


7 novembre 2025

Une vision, un lieu

Chacun de ces artistes a imaginé un festival à son image, profondément ancré dans un territoire qui leur est cher. Pour Blanche Ballesta, c’est le Festival D440, créé dans le Puy-de-Dôme, qui a pour vocation de « rendre la musique classique accessible à tous » grâce à une quarantaine de musiciens, une trentaine de concerts en entrée libre et des ateliers découvertes. Le festival se distingue par son caractère pluridisciplinaire, intégrant danse et théâtre dans des lieux variés comme des églises, des lieux naturels et des places de villages.

Irène Jolys, quant à elle, a fondé Les Cordes de Loire avant même son entrée à l’Académie. Son festival, qui a lieu à Juigné-sur-Loire, met l’accent sur la musique de chambre dans une ambiance « familiale ». Chaque édition comprend des concerts de 7 à 10 musiciens et une action caritative, comme un concert en maison de retraite.

Enfin, le Festival du Bruit qui Pense d’Ingmar Lazar est un hommage poétique à la musique, que Victor Hugo qualifiait ainsi. Organisé à Louveciennes, ce festival « fait des liens entre les arts » en proposant des ciné-concerts ou des concerts-lectures. Les musiciens et les musicologues interviewent les artistes pour créer un lien fort avec le public.

Christoph Seybold au festival du Bruit qui pense (crédit : Baptiste Vetter)

Du désir à l’entrepreneuriat

L’idée de créer un festival est souvent née d’un désir profond de ces musiciens. Pour Irène Jolys, c’était une nécessité : « Au début de mes études supérieures je me suis fait la réflexion que j’avais beaucoup de cours mais peu d’occasions de jouer en public. » Elle a donc voulu « donner une identité aux concerts, présenter au public un répertoire qui [lui] tient à cœur ».

Blanche Ballesta a été inspirée par sa région d’origine et le lien créé avec les habitants des villages. Elle a eu l’opportunité de partager son idée avec son ami Maxime, enthousiaste à l’idée de s’occuper de la production.

Pour Ingmar Lazar, c’est la constatation d’un manque qui a été le point de départ : « Louveciennes est une région riche par son histoire […] et j’ai constaté qu’il n’y avait pas beaucoup de propositions culturelles dans ce coin. » Il a voulu partager la musique en créant « une continuité en tant que pianiste ».

Le processus de création a été une véritable aventure entrepreneuriale pour chacun. Ingmar a commencé seul en s’adressant directement à la mairie, tandis que Blanche et son ami ont rapidement vu leur projet grandir, formant une véritable « famille ». Irène a elle aussi commencé modestement, avec un seul concert dans une église, avant que le projet ne s’étende. Tous ont dû faire face à des difficultés inattendues, comme la gestion des imprévus liés à la météo, le financement, ou la pandémie de Covid.

L’héritage de l’Académie Jaroussky : un lien fort

L’Académie Musicale Philippe Jaroussky a joué un rôle majeur dans ces aventures. Les trois artistes y ont puisé des contacts et des inspirations.

Irène Jolys a notamment fait jouer son trio Parrhèsia, créé à l’Académie, lors de son festival. Elle souhaite désormais « inviter chaque année à jouer au festival un Jeune Talent de la promotion sortante de l’Académie ». Blanche Ballesta a également invité plusieurs anciens Jeunes Talents, dont le violoniste Miquel Muniz, rencontré à l’Académie. Ingmar Lazar a non seulement fait venir des Jeunes Talents, mais a aussi invité des professeurs comme David Kadouch. Il a également à cœur de proposer des invitations aux Jeunes Apprentis et à leurs familles.

Perspectives et conseils pour nos Jeunes Talents

Malgré les défis, ces aventures ont été riches en enseignements. Blanche Ballesta a découvert « la richesse de travailler en équipe » et a appris la délégation et la confiance. Irène Jolys a appris à « fédérer un groupe » et à « travailler intensément ». Pour Ingmar Lazar, l’apprentissage principal est qu’on « peut toucher un public si l’on est vraiment convaincu, sincère et que l’on s’écoute ».

Leur conseil commun à tous ceux qui souhaiteraient suivre leur voie ? Avoir une idée claire et un « ADN » pour son projet, bien s’entourer, être persévérant et ne pas se décourager. « La qualité sera toujours gagnante », conclut Ingmar.

L’histoire de ces trois jeunes musiciens est une véritable source d’inspiration, prouvant que l’Académie forme bien plus que de grands artistes : elle révèle de véritables créateurs et entrepreneurs culturels.

Vous pouvez découvrir le travail de Blanche, Irène et Ingmar en visitant les sites web de leurs festivals :

📸 : Amandine Lauriol